Pratiques agroécologiques

Réduire les pesticides ou réduire la toxicité des pesticides ? Ne nous trompons pas de débat !

Mouton dans l'inter-rang d'un vignoble

Crise agricole et pesticides

Le mouvement agricole a mis en lumière les difficultés des agriculteurs en général à vivre décemment de leur travail. Il a également mis en exergue les incohérences d’un système prônant une protection de l’environnement en France d’un côté et, de l’autre, des importations agricoles produites avec des traitements interdits en France ou extrêmement dangereux, et ce, même au sein de l’Union Européenne.

Toutefois, en dehors des cas spécifiques d’impasses techniques ou de résistances avérées à certains pesticides, associer la crise agricole à un éventail réduit de pesticides est très clairement fallacieux. Rappelons tout d’abord que la France fait partie des pays européens qui autorise le plus grand nombre de substances actives (en 3ème position derrière l’Espagne et la Grèce). Avec notre service Vitipact, nous rencontrons de nombreux viticulteurs de toutes régions, de petites surfaces ou non, certifiés bio ou non, qui sont engagés dans des stratégies phytosanitaires respectueuses de la santé humaine et de la biodiversité et qui maintiennent un rendement satisfaisant.

De fait, il est important de préciser de ce dont on parle. Les produits phytosanitaires (ou pesticides), qu’ils soient de synthèse, homologués bio ou de biocontrôle, sont dans leur essence des médicaments sensés protéger les plantes face à des bioagresseurs de tous types. Evidemment, tous les produits phytosanitaires sont toxiques (sinon ils n’auraient aucun effet). Et malheureusement, certains ont plus d’effets secondaires avec des conséquences parfois graves sur la santé publique (dont les agriculteurs sont souvent les premières victimes) et sur la biodiversité.

Et si on passait d’un indicateur de quantité de pesticides à un indicateur de qualité ?

Le plan Ecophyto, dont les résultats n’ont malheureusement pas été à la hauteur des attentes, vient d’être mis en pause. Peut-être est-ce le moment d’analyser justement les résultats positifs des démarches inscrites dans les plans Ecophyto antérieurs. Les fermes Dephy ont pu démontrer la possibilité de produire en réduisant à la fois les pesticides et leur toxicité moyenne (https://ecophytopic.fr/dephy/proteger/synthese-nationale-des-donnees-dephy-ferme-viticulture). Une pédagogie d’accompagnement des agriculteurs permet de mettre en place une démarche d’amélioration continue dans la réduction de la toxicité des pesticides utilisés sans affecter leurs rendements.

Nous suivons de nombreux viticulteurs de toutes tailles et de toutes régions en France et à l’international. La comparaison des stratégies montre clairement qu’il est peut-être temps de sortir de la logique française de l’IFT qui se focalise sur le nombre de traitements et de le compléter par un Indicateur de Toxicité des Pesticides qui serve de ligne directrice dans un objectif de réduction de la toxicité des pesticides et non purement de la quantité de kilos appliqués.

A notre niveau, nous menons ce combat avec de nombreux viticulteurs pour quantifier l’empreinte pesticides (VitiScore) en viticulture, protéger, avant tout, leur santé, celle de leurs salariés et des riverains, tout en préservant la biodiversité.